Je me sens comme ce Gingko, croisé ce matin près du lac: de jolies feuilles couleur or, qui s’accrochent encore aux branches pour quelques heures, quelques jours seulement, avant de finir à terre, balayées par une machine ou par le vent. Une lutte contre le temps, contre les éléments.
Bientôt, il sera à nu. C’est le cycle naturel, me direz vous: vie, mort, vie… Il meurt cet hiver pour renaître au printemps.
Sauf que ce printemps, moi, je ne l’ai pas vécu. Alors comment accepter de mourir?
Lui, il a reçu des milliers de chants d’oiseaux, il a été nourri par les petits pas grimpants des écureuils, les rires des grues et même par les accolades chaleureuses de quelques passants. Il a grandi de pouvoir sentir la chaleur de ces visites, de goûter la lumière du soleil et la douceur du vent sur son écorce et ses branches. Il a pu créer, au contact de ses pairs, au gré de leurs envies, pour enfin offrir le plus merveilleux des spectacles: leurs forces joyeuses, en plein été, rayonnants de leur grâce.
Accepter et croire que demain refleurira; Que l’absence de gestes, de chaleur, de rencontres créatives, festives et spontanées ne seront que le terreau pour aller chercher en soi l’ancrage, l’amour, le renouveau; Que cette plongée dans un hiver long et rigoureux ne sera la promesse que d’un printemps époustouflant de beauté.
Alex